Etymologie, médecine ayurvédique, les 3 forces vitales, l'effet des variations humorales sur la santé, l'usage particulier des huiles médicinales
1- Etymologie
Le mot « Āyurveda » signifie en Sanskrit « la science de la vie ». On peut étendre son étymologie à « sagesse de la longévité ». En effet, le mot science renvoi à « connaissance vraie » (traduit aussi par vérité : veda). Le mot sagesse va plus loin puisqu’il indique une dimension plus profonde : « principe immuable que l’on doit suivre ».
La vie (Āyur) suit des règles invariables que l’on doit connaitre si l’on veut qu’elle se déroule bien et qu’elle dure longtemps (la longévité). Autrement dit, l’Āyurveda consiste à connaitre les véritables principes qui sous-tendent la vie humaine et à les appliquer pour que celle-ci soit longue et qu’elle se réalise d’une manière optimale.
C’est ce qui nous amène à la médecine Ayurvédique.
2- La médecine Ayurvédique
L’étude de l’Āyurveda nous mène à appréhender le réel de notre corps et de notre biologie d’une manière différente et complémentaire à l’anatomie matérialiste contemporaine et nous aide à nous intéresser aux forces qui sous-tendent notre fonctionnement physique et psychique. Ces forces ou énergies sous-jacentes qui vitalisent notre organisme s’appellent les humeurs biologiques.
En Sanskrit, on les traduit par « dosha » : « ce qui abîme » car leur déséquilibre est considéré comme la cause des maladies.
3- Les 3 forces vitales (doshas) ou humeurs biologiques
Les doshas sont une combinaison de plusieurs des « paňchabhutani » (cinq états de la matière ≠ éléments, ce dernier étant une mauvaise traduction) : état solide, liquide, de transformation, gazeux, de subtilité.
Pour simplifier, nous parlons alors des éléments, selon les termes Sanskrits suivants : Prithivi, apo (ou jala), agni (ou tejas), vayu et akasha, respectivement : Terre, eau, feu, air et éther.
Voici les combinaisons classiquement admises :
- Air + éther : Vāta : l'énergie de mobilité
- Feu + eau : Pitta : l'énergie de transformation
- Terre + eau : Kapha : l'énergie de cohésion
La présence de ces 5 éléments dans les doshas ne s’exprime pas seulement dans le corps, elle est à l’œuvre également dans les âges de la vie, dans les saisons et dans la journée.
4- L’effet des variations humorales sur la santé
Cette présence des éléments dans les humeurs peut avoir schématiquement deux actions :
- Aggravante
- Equilibrante
Pour que ce soit concret, prenons des exemples :
Exemple 1 :
Une personne qui comporte un Vāta dit « aggravé » peut se traduire par : la peau sèche, les articulations qui craquent et des insomnies.
Afin d’équilibrer Vāta, il sera nécessaire de proposer une thérapie anti-Vāta, telle que : appliquer de l’huile chaude sur la peau, consommer des aliments non séchants (exemple d’aliment séchant : les pop-corn) et aménager les conditions du sommeil.
En définitive, il s’agira d’apporter des qualités opposées à l’excès de Vāta, c’est-à-dire contraire aux éléments qui composent cette humeur et qui sont en excès : l’air et l’éther.
Les qualités contraires à l’air et à l’éther se trouvent dans le lourd, le chaud, le fluide, le calme, le lent, … Ainsi, le massage sera lent avec une huile lourde (sésame plus lourd que tournesol) et chaude, associée à des plantes nervines telle le brahmi.
Les aliments seront moelleux, chaleureux et un peu épicés. Le sommeil sera possible dans un lieu calme - sans bruits, ni mouvements - sans appareils électriques, sans activité mobilisant les sens avant ou aliments et boissons aggravants Vāta (excitants, thé, café, …) quelques temps avant le sommeil.
Exemple 2 :
Une personne avec un Kapha, dit « aggravé » peut se voir de la façon suivante : une rétention d’eau présente dans les tissus et dans le système lymphatique, présence de plus de tissus que la moyenne (en particulier adipeux), métabolisme lent et trop de sommeil.
Afin de réduire cet excès de Kapha, il sera nécessaire de proposer de l’exercice à cette personne (ce qui va accélérer le métabolisme et faciliter la perte de poids).
L’alimentation sera légère, piquante, un peu amère et chauffante. Le massage sera réalisé avec une huile tiède, en petite quantité contenant des plantes séchantes telle la sauge et le romarin, ainsi que légères telle la lavande.
Exemple 3 :
Une personne dont les qualités pitta sont très présentes peut se caractériser par : réactions cutanées ou allergies, a souvent trop chaud et trop actif.
Afin de ramener ce dosha dans des proportions acceptables et ainsi réduire les symptômes ci-dessus, on va orienter l’alimentation vers des saveurs plutôt amères, peu ou pas piquantes, peu huilée et plutôt végétarienne. L’activité sera modérée car ce tempérament est trop passionné : yoga, méditation et pranayama seront quotidiens. Enfin, le massage sera réalisé avec des huiles peu ou pas chauffantes telle la noix de coco, contenant éventuellement des plantes amères telle la gentiane.
5- L’usage particulier des huiles médicinales, comme thérapie générique
D’une manière traditionnelle, pour toutes les constitutions, le traitement des humeurs par le massage est bénéfique (Snehana chikitsa). L’huile de sésame (taila) est tridoshique, c’est-à-dire qu’elle convient à toutes les constitutions, bien qu’elle soit un peu chauffante. Chaque huile aura un effet particulier (exemple : la noix de coco rafraichissante, comme nous l’avons vu ci-dessus). L’association des plantes à ces huiles doit considérer les humeurs présentes en excès chez la personne, et les pathologies spécifiques.
Article rédigé par Philippe FRADIN
Formateur en massage ayurvédique chez Myrtéa Formations
Praticien en Ayurveda, professeur de Yoga, formateur en Yoga & Ayurvéda, psychanalyste en Rêve Éveillé
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